De Peachland à Vancouver
Dernière journée de voyage, l’aventure commence.
Nous parcourons le sud de la vallée. Aussi étonnant que cela paraisse, la vallée se termine par le désert. C’est l’endroit au Canada qui reçoit le moins de précipitations et qui a le lac le plus chaud. Il y a même des serpents à sonnette !
Nous retrouvons les vertes montagnes de Colombie-Britannique. Les montagnes sont peut-être moins hautes qu’en Alberta, mais les forêts sont plaisantes à regarder.
Arrivée à Vancouver dans les embouteillages, ça laisse le temps de regarder la carte. Nous avons une chambre à l’auberge jusqu’à samedi matin.
On aura beaucoup roulé, un peu moins de 8000km en 19 jours. Aucun pépin mécanique. Vraiment un beau voyage.
De Revelstoke à Peachland
Nous voici dans la fameuse vallée de l’Okanagan, paradis terrestre où poussent les cerises, les pêches et autres délices terrestres. Nous nous arrêtons acheter des fruits dans des stands au bord de la route. La saison des cerises tire à sa fin, mais nous nous rattrapons sur les pêches.
Il y a des incendies dans le secteur. Le ciel est encombré de fumée, comme un brouillard qui ne veut pas se lever, l’air irrite un peu les bronches. Nous n’avons pas pris de photos, manque de clarté. Dernière soirée de camping avant l’arrivée à Vancouver. Petite promenade en vélo le long du lac Okanagan, repos.
De Jasper à Revelstoke
Arrêt au glacier. Des panneaux nous montrent combien le glacier a reculé. Il fait frisquet avec le vent qui souffle sur la glace. Paysage lunaire.
Nous quittons l’Alberta et entrons en Colombie Britannique. Plus tard, nous changeons d’heure pour une dernière fois.
De Castle Mountain à Jasper, route des glaciers
Toujours dans le parc national de Banff. Nous arrivons à Lac Louise. Il y a beaucoup de touristes et il faut jouer du coude pour prendre des photos. On peut louer un canot pour « seulement » 40 $ de l’heure.
Un garde de Parcs Canada est posté au départ d’un sentier de randonnée. Il ne laisse passer que des groupes de 4 personnes et plus, en raison des ours.
Je me suis finalement procuré un vaporisateur à gaz poivré (une sorte de bombe lacrymo anti-ours), tout en sachant qu’il est extrêmement peu probable que je doive l’utiliser. J’étais réticent au début, mais Parcs Canada le recommande et c’est probablement plus commode que de trouver des roches à balancer sur l’ours. On a probablement plus de chances de se blesser en écrasant un ours sur la route qu’en se faisant attaquer par le plantigrade.
Paysages une fois de plus superbes. Nous nous laissons le glacier de l’Athabasca pour le retour.
Les nuits sont vraiment fraiches et nous sommes un peu enrhumés, nous prenons donc une chambre d’hôtel pour la nuit.
De Canmore à Castle Mountain
Arrêt au supermarché pour refaire le plein de provisions. Pendant ce temps-là, quelqu’un a poussé un chariot dans la voiture, résultat : l’aile avant bosselée et rayée. C’est sûr que ce n’est pas le vent qui a fait ça. Pas de carte de visite, pas de témoin. Fait ièche.
Nous étions aux portes du parc de Banff, nous y entrons. Les paysages sont évidemment sublimes. Petite marche le long d’un canyon.
Ce soir, nous serons en dortoir, au pied de Castle Mountain. Il y a un Australien qui ne parle pas beaucoup, un couple d’Autrichiens qui parlent un peu, une Américaine qui parle beaucoup (trop ?), une Japonaise qui ne parle pas du tout, mais qui cuisine des trucs qui puent et un couple qui parle allemand avec les Autrichiens.
Dans le salon, je lis avec beaucoup d’intérêt une brochure sur les ours ( pdf ici )
Depuis un moment déjà, toutes les poubelles que nous rencontrons sont de ce modèle-ci, resistantes aux ours qui ne savent pas mettre leur petite papatte sous l’espèce de capot pour débarrer l’ouverture de la poubelle.
De Edmonton à Canmore
Comment quitter Edmonton sans aller visiter le Edmonton West Mall, le centre commercial le plus grand du monde ? C’est gigantesque. En plus des mêmes magasins que partout ailleurs, il y a la piscine à vagues, une otarie, un minigolf, une patinoire, le plus grand parc d’attractions intérieur… Bref, de quoi y passer des semaines et ressortir sans un sou en poche. Nous avons résisté et n’avons pas dépensé un kopek, haha.
Ensuite direction Calgary. Nous pensons y rester la nuit, mais faute de trouver un hébergement qui nous convient, nous nous dirigeons vers les rocheuses. D’ailleurs, sur la carte, on voit bien qu’on a tourné en rond à Calgary.
Rencontre avec un bison
Réveil frisquet. J’essaye de ranimer le feu, je n’obtiens que de la fumée.
On a le droit de faire du vélo dans tout le parc, un peu d’exercice me fera du bien. Recommandation du garde à l’entrée : utilisez votre sonnette pour ne pas prendre les animaux par surprise.
Au bout de 3 kilomètres, plusieurs voitures sont arrêtées, il y a un bison sur le bord de la route en train de brouter paisiblement. Dans le guide du parc, ils recommandent de ne jamais s’approcher du bison à moins de 100 m (3 autobus). Comme il est juste au bord et que la route ne fait que 2 voies, ça ne va pas être évident. Alors, j’actionne ma sonnette. Les voitures s’en vont, je suis seul face au bison. Ce n’est pas le plus grand du parc, mais il doit bien dépasser ses cinq quintaux quand même. Je m’approche, tout en faisant tinter ma sonnette. Il s’arrête de brouter et commence à me regarder d’un air peu amical. Demi-tour.
Autre tentative, autre demi-tour. Visiblement, ce n’est pas un bison amateur de cyclisme.
La fille du camping m’ayant dit que le bison pouvait atteindre 30 à 40 km/h lorsqu’il charge, je fais mes calculs et je décide de ne pas prendre le risque.
Je commençais à me résigner à devoir attendre qu’il s’en aille lorsque F. est arrivé au volant de la voiture. Il m’a fait écran et j’ai pu passer.
À bien y réfléchir, j’aurais dû y aller plus doucement sur la sonnette, c’est peut-être ça qui l’a agacé.
Arrivée à Edmonton en début d’après-midi. Bonne grosse marche pour visiter le centre. C’est propre. Beaucoup de gens font du jogging. C’est en Alberta que nous avons trouvé l’essence la moins chère, et ceci expliquant probablement cela, c’est ici qu’il y a les plus grosses voitures en grande quantité. La circulation est vraiment dense.
De Saskatoon à Elk Island
Un petit tour dans Saskatoon avant de continuer en direction d’Edmonton.
C’est dans la ville de Lloydminster que nous passons en Alberta et gagnons une heure de plus. Comme ça, sans douleur, en pleine zone commerciale.
Nous nous arrêtons à quelques dizaines de kilomètres d’Edmonton, dans un parc du Canada. C’est un parc avec plein d’animaux, des bisons, des wapitis, des ours…
Jusqu’à présent, nous achetions le bois du feu de camp à l’entrée des parcs. (En Ontario, 5 $ pour un petit sac). Dans ce parc, il y a un permis de feu de bois à 8 $, et à ce prix-là, le bois est inclus, sans limitation. Les buches sont grosses, et nous remarquons que les habitués ont amené leur hache.
La tente que l’on avait remballée « presque sèche » sent légèrement le renfermé. Une bonne aération et il n’y paraît plus.
L’aire de camping est séparée de celle des bisons, mais la garde à l’entrée nous apprend qu’un bison a quand même réussi à entrer. Le bison est normalement moins dangereux qu’un ours, mais comme il peut peser 800 kg et qu’il charge quand il a peur ou qu’il n’est pas content il faut quand même éviter de tomber nez à nez avec lui.
Le fameux visiteur s’est allongé sur le terrain de soccer (foot). Un bison, c’est une sorte de super grosse vache, plus trapue, avec un crâne gigantesque. Quand bison fâché, lui pouvoir faire du dégât.
Elk Island est situé dans une large zone où la lumière nocturne est limitée pour faciliter l’observation du ciel. Nous avons vu un ciel étoilé de toute beauté. Seul bémol, il faisait 8 degrés.
De Winnipeg à Saskatoon
L’impression que Winnipeg nous laisse est plutôt mitigée, nous sommes contents de nous diriger vers la Saskatchewan.
Grosse journée de voiture, 800 km. Nous avons maintenant dépassé les 5000 km depuis le début du voyage.
Il y a des champs à perte de vue, entrecoupés de petits bosquets et toutes les stations de radio passent de la musique country. Régulièrement, nous croisons de vieilles voitures que l’on croirait issues d’un film américain des années 60. Bref, voyage dans l’Amérique profonde.
La dernière auberge ayant des robinets trop bas, nous n’avons pas fait le plein d’eau. Du coup, nous achetons une bouteille dans un village de Saskatchewan. Il n’y a qu’une marque disponible, de l’Evian, toute droit venue des Alpes françaises. C’est un peu ridicule, ça doit être ce que l’on appelle la mondialisation.
Petite visite de Saskatoon by night. Vraiment une bien jolie ville qui semble agréable à vivre.
À la recherche d’un bar
Le « Desire », bar hétéro friendly recommandé par le Lonely, est fermé depuis Janvier. Winnipeg n’est ni Montréal, ni Toronto, ce qui fait que le choix est limité.
Nous nous rabatons sur le Gio’s. L’affiche de la soirée titre « Once in a blue moon night », ce qui me transporte dans un monde fantasmagorique.
Comme nous sommes des touristes, ils nous ont fait rentrer gratis, alors qu’il y avait un cover de 5$. La bière est à 4$. La musique est bonne. C’est super.
Je revois la superbe affiche. Ah, tiens ! il y a marqué « Womyns night » en dessous. Ah ben voilà, c’est pour ça qu’il y a 15 filles pour un mec ici !
St Boniface, Winnipeg
Winnipeg a un quartier francophone, St Boniface. Les panneaux de signalisation sont bilingues et certains magasins affichent en français.
Première halte à l’information touristique. Nous obtenons toute l’information en Français. Louis Riel, le leader métis, est le personnage historique de l’endroit. Nous déambulons dans les rues du quartier. Elles sont très calmes et paisibles pour ne pas dire désertes. Nous lisons « Chat perdu » sur une affiche punaisée à un poteau. Je suis fébrile à l’idée de rencontrer des francophones aussi loin en Amérique.
Après la cathédrale et la visite du cimetière, nous cherchons un endroit où manger. Le Lonely Planet suggère « Chez Sophie ». Manque de pot, c’est fermé le samedi midi pendant l’été.
On continue avec un autre resto plus loin. Le nom est français, les éléments du menu sont en français, mais la description, l’accueil et tout le reste est en anglais. Ce n’est pas ici que nous allons rencontrer nos cousins francophones.
L’autre resto mentionné dans le lonely est également fermé.
Dernier essai dans un autre resto qui s’appelle bistrot quelque chose. Le menu n’est pas affiché à l’extérieur. J’entre, je lance un bonjour qui provoque un regard stupéfait à la serveuse, comme ces pauvres biches qui vous fixent pétrifiées par la lumière de vos phares. Je n’ai même pas eu droit à un « Je suis désolé » à la manière de Madona. Il n’y a rien de francophone dans le menu.
À ce moment-là, nous avons déjà traversé le quartier à la recherche du resto, nous avons vraiment faim et nous laissons de côté la question linguistique. Nous nous rabattons sur un restaurant de bouffe canadienne juste en dehors du quartier. C’est donc entièrement en anglais et je me fais dire que j’ai un « strong accent » lorsque je demande de la mayonnaise…
Bref, une expérience francophone inoubliable.
Le musée de St Boniface est un petit bijou.
De Kenora à Winnipeg.
Pas beaucoup de kilomètres aujourd’hui.
Nous entrons au Manitoba. Nous trouvons encore beaucoup de signalisation bilingue.
Avant d’entrer dans Winnipeg, petit détour par Steinbach pour visiter le village Mennonite et son musée. Ça ressemble un peu au village québécois d’antan de Drummondville, mais en beaucoup plus petit. Il n’y avait personne en costume d’époque. La partie musée nous donne de l’information sur les Ménnonites. Nous avons eu l’impression qu’ils sont bien plus intégrés à notre époque que ce que nous montraient les divers documentaires que nous avions vus à la télé.
Arrivée à Winnipeg. Nous trouvons facilement l’auberge HI. Pour la première fois depuis le début du voyage, nous dormirons 2 nuits au même endroit.
Une fois installés, nous allons nous promener dans Winnipeg. Mais où sont donc passés les Winnipegois? Les trottoirs et les magasins sont vides. La moitié des gens croisés dans la rue sont des marginaux. Le bureau d’information touristique du centre ville est ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 16h30. Comme on est arrivés le vendredi à 17h, on fera sans.
La journée a été longue, nous dormons tôt.
De Sleeping Giant à Kenora
Il a plu toute la nuit, pas assez pour laver la voiture. La bâche a bien protégé la tente que nous pouvons remballer presque sèche. Il suffit de secouer la bâche et nous la rangeons presque sèche également.
Nous nous dirigeons vers Thunder Bay, passage obligé entre l’est et l’ouest du pays. Nous nous rendons au monument Terry Fox, un vrai héros canadien. C’est dans les environs qu’il avait dû abandonner son marathon de l’espoir.
Un rapide tour au centre-ville nous fait dire qu’on ne va pas s’y éterniser. Nous allons dans la zone commerciale pour faire le plein de provisions. À la caisse, la jeune fille nous demande « Do you need a beg ? » Je suis un peu surpris, je lui demande « A bag ? », elle me répond « a beg » et commence à sortir un sac de sous le comptoir. Je sens que ce n’est pas la dernière fois qu’il va y avoir de la confusion.
Nous sommes passés à l’heure du centre, nous avons maintenant 7h de différence avec la France et sommes à la même heure que la majorité du Mexique.
De Wawa à Sleeping Giant.
Nous sommes fatigués en ce moment et nous nous réveillons tard.
Nous devons contourner le lac Supérieur et la route nous offre par moment de splendides vues.
Nous traversons la localité de White River, lieu de naissance de Winnie l’Ourson, occasion de se faire prendre en photo.
Nous nous arrêtons dans la petite ville de Marathon pour déjeuner. La caissière de l’épicerie est bien sympathique et nous dit que ce que nous venons d’acheter va constituer un bien bon repas. En tournant un peu, nous finissons par trouver un stationnement et une aire de pique-nique en face du lac. La plage de galets est jonchée de troncs. Les vagues n’ont rien à envier à leurs cousines méditerranéennes.
Je peux ouvrir ici une parenthèse au sujet des repas. Nous essayons de limiter les restaurants, d’une part pour cause budgétaire, mais aussi et surtout pour garder des repas équilibrés. Nous avons une glacière qui nous garde les légumes de la salade, les fruits, le yogourt et éventuellement le jambon, le fromage. Il nous faut racheter un bloc de glace tous les 2 ou 3 jours. Le matin nous prenons du thé, ainsi nous n’avons pas à avoir du lait et nettoyer de casserole.
Nous nous arrêtons au parc provincial de Sleeping Giant. Il reste un emplacement au bord du lac, nous le prenons. Les canards viennent nous accueillir (ou plutôt viennent voir si des fois on aurait de la bouffe pour eux).
Comme il pleut légèrement et que le ciel est gris, nous installons la bâche pour la première fois. Le bois que nous avons acheté à l’accueil pour le feu de camp est trempé, ça fait plein de fumée et peu de flammes.
[photo à venir]
D’Ivanhoe lake à Wawa
Nous continuons la route 101 que nous ferons dans sa totalité. Il y a beaucoup de travaux qui nécessitent une circulation alternée, avec des humains qui tiennent des panneaux marqués « STOP » d’un côté et « SLOW » de l’autre. Comme on n’est pas pressés, ça ne nous dérange pas et ça apporte un peu de variété au voyage. Nous avons croisé une jeune femme tenant un de ces panneaux. Elle avait son casque de chantier au dessus de sa belle chevelure bouclée aux reflets blonds. La peau cuivrée de ses bras était cachée par un tee-shirt à manches longues déformé à force de tirer sur les manches pour masquer les mains. Elle portait un pantalon de pyjama rose avec des dessins, des fois que la nuit tombe sans prévenir et qu’elle oublie de rentrer chez elle. Et comme on est en présence d’une femme prévoyante, elle avait sa glacière avec des sandwiches pour parer à toute éventualité.
Nous arrivons à Wawa et à la fin de la 101. Il y a beaucoup de motels, nous y passerons la nuit. Nous prenons des photos devant la célèbre statue de l’oie. Nous avons un peu de temps devant nous et descendons un peu sur la 17 (transcanadienne) pour aller dans le parc du lac supérieur. C’est magnifique. Le lac est très grand et les vagues sont semblables à celles de la méditerranée.
De Amos à Ivanhoe lake.
Nous quittons le Québec. Bonjour l’Ontario, le Nord de l’Ontario pour être précis. Toute la signalisation routière de l’Ontario est bilingue. Nous rencontrons beaucoup de francophones.
Les paysages sont vraiment beau, succession de lacs et de forêts de pins et bouleaux.
Petite halte à Timmins, ville de Shania Twain. C’est la fierté de cette ville. Il y a un centre et une rue à son nom.
Nous allons passer la soirée et la nuit dans le parc provincial de Ivanhoe Lake. Lors de l’enregistrement, la fille à l’accueil me demande mon premier nom et mon dernier nom. Nous sommes une fois de plus en territoire de l’ours noir, mais une fois encore, nous n’en verrons pas.
Les suisses (une sorte d’écureuil, comme Tic et Tac) ne sont pas farouches ici, ils s’approchent et se glissent sous la tente.
Retour à la civilisation
Réveil frisquet, il fait 10 degrés, mais le soleil se pointe.
Grosse journée de route. Radisson à Amos : 900 km.
Nous nous arrêtons dans quelques sites que nous avions ignoré à l’aller.
Nous avons un peu tourné dans Amos pour trouver le motel. Première fois depuis le début du voyage que nous devons chercher notre route.
Océan Arctique
Nous avons beau avoir parcouru les 620 km de la route de la Baie James, nous n’en avons pas encore vu ses eaux. Le Canada est le seul pays entouré de 3 océans. Nous avons déjà mis les pieds dans l’Atlantique en Gaspésie et dans le Pacifique à Vancouver. Aujourd’hui, nous avons mis les pieds dans l’océan Arctique à Chisasibi.
Chisasibi est un village Cri de 5000 habitants situé à une centaine de kilomètres à l’ouest de Radisson. De ce village, nous empruntons une piste en terre et au bout de 15 minutes, la Baie-James nous fait face. Moment émouvant d’impression de bout du monde. Le soleil va bientôt se coucher, il fait un peu frisquet. Le chemin en terre fait beaucoup de poussière et la voiture est maintenant bien sale. Il nous faudrait une bonne pluie pour en venir à bout (de préférence une journée où nous dormirons en motel).
Les Cris nous saluent lorsque nous les croisons. Nous ne pensions pas être aussi bien accueillis. Ils ont en général des gros camions GM, alors avec notre Toyota matrix, on se fait remarquer. Nous essayons de trouver un resto à Chisasibi, sans succès. Comme il commence à faire vraiment froid, on n’a pas trop envie de manger dehors, nous retournerons donc au resto de Radisson.
C’est la nuit des perséides et le ciel est relativement dégagé. Nous voyons quelques étoiles filantes. Nous n’aurons pas la chance de revoir des aurores boréales.
Radisson
Il ne fait pas très chaud au réveil. Personne n’est venu pendant la nuit, nous avons dormi seuls et isolés au milieu de la taïga. La pluie a cessé. Nous faisons sécher la tente.
Nous faisons les 120 derniers kilomètres et arrivons à Radisson, ville de 300 habitants, localité « blanche » la plus au nord du Québec. Localité un peu bizarre, comme le dépeint Patrick Lagacé. Le camping municipal est très propre et bon marché (25$ la nuit), douche, eau chaude, buanderie.
Nous avons le temps de manger à l’unique restaurant de la localité. C’est très correct.
L’après-midi est consacré à la visite des installations du complexe Robert Bourrassa. Ce sont des visites gratuites, il faut réserver 48 h à l’avance. Nous commençons par la visite de la centrale Hydro-électrique souterraine la plus importante au monde. La centrale est séparée du barrage. Elle est donc creusée directement dans le roc. L’autocar entre par une porte rouge que l’on n’a pas le droit de photographier. Nous nous enfonçons dans les entrailles de la Terre. Dans les souterrains, les véhicules roulent à gauche, cela leur permet de longer plus facilement la paroi. Des employés d’Hydro circulent à bord de voiturettes électriques dans ce grand souterrain. On s’attend à voir surgir Dr Terreur (Dr Evil) et minimoi à tout moment. Nous arrivons dans une cathédrale creusée dans le roc qui renferme 16 groupes alternateur/turbine. Les alternateurs sont gigantesques et l’on nous en fait voir un en fonctionnement de très près. Il faut tenir son casque pour l’empêcher de s’envoler.
On a eu la chance de visiter la chambre d’équilibre, c’est le grand réservoir creusé dans le roc où se déverse l’eau qui vient des 16 turbines avant de repartir par les 4 conduits d’évacuation.
Le réservoir est gigantesque, à tel point qu’ils ont construit une autre centrale (LG2-A) qui fonctionne en parallèle.
Inévitablement, on nous amène à l’escalier du géant, le déversoir de crue. Bien qu’emblématique de l’aménagement, il est très peu utilisé. En effet, l’eau qui passe par là ne produit pas d’électricité. Il a été utilisé pour la dernière fois en 1983, alors que toutes les turbines n’étaient pas encore en place.
Route de la Baie James
C’est aujourd’hui que nous allons emprunter la mythique route de la baie James. Cela veut dire beaucoup de kilomètres dans une zone extrêmement peu habitée.
La route de Val-d’Or à Matagami est relativement peu fréquentée et traverse très peu de localités.
Arrivés à Matagami, il nous faut faire le plein, la prochaine station essence est à plus de 380 km. C’est à Matagami que se trouve le km 0 de la route de la baie James, route de 620 km qui mène à Radisson. On ne rencontrera aucune localité sur la route. Il y a quelques campements autochtones sur la route et quelques villages Cris sont accessibles par de longs chemins en terre (souvent une centaine de km de long).
Km 6 : Arrêt au centre d’information touristique pour s’enregistrer. On nous remet de la documentation, notamment la localisation des téléphones d’urgence, les arrêts, les aires de camping sauvage…
Km 150 : Nous doublons notre premier véhicule, un gros camion.
Km 190 : Nous nous faisons doubler pour la première fois. Vous l’aurez compris, niveau circulation, on est loin des ponts de Montréal à l’heure de pointe.
Km 200 : L’état de la chaussé s’améliore, on nous avait prévenus que les deux cents premiers kilomètres étaient plus difficiles. On peut maintenant rouler à 100 km/h (limite permise).
Km 257 : Rivière Rupert. C’est une superbe rivière sauvage et naturelle. Nous sommes parmi les derniers à la voir ainsi. En effet, en octobre 2009, Hydro-Québec va détourner une bonne partie de la Rupert pour alimenter le complexe La Grande.
Km 381 : LE relai routier. Pas très joli. Il faut faire le plein, pas envie de tomber en panne d’essence, je n’ose pas imaginer les frais de remorquage.
Km 395 : Rivière Eastmain. C’est avec de la tristesse qu’on regarde cette rivière dans un lit bien trop grand pour elle. Hydro-Québec l’a déjà détournée. On essaye de l’imaginer telle qu’elle était autrefois.
Km 503 : Lac Miron. Nous sortons de la route de la Baie James pour prendre un petit chemin en terre d’un kilomètre et demi. C’est ici que nous allons camper. Le lac est magnifique, avec une petite île au milieu. Nous sommes seuls. C’est un site de camping rustique, en effet, il n’y a qu’une toilette à compost et rien d’autre. Nous partons à la recherche de bois pour le feu de camp. La nuit tombe. Je pensais qu’il y aurait beaucoup plus de moustiques et autres insectes piqueurs, mais en fait, c’est très tolérable. La pluie commence, elle va s’intensifier dans la nuit. Nous sommes sur le territoire de l’ours noir, alors on prend les précautions d’usage : pas de nourriture ni de poubelle dans la tente ou sur le site. Tout est enfermé dans la voiture. Nous sommes épuisés, bonne nuit.
Rouler en région éloignée ne se prend pas à la légère. Nous avons suivi les recommandations pour ce type de trajet.
-Véhicule en bon état. Le prix d’un remorquage doit être prohibitif.
-Plein d’essence avant de se lancer
-Bon amortisseurs
-Avoir suffisamment d’eau et de nourriture pour tenir quelques jours.
-Une tente (À noter qu’il est possible de dormir en dortoir au km 381)
-Vérifier sa roue de secours (nous avions même amené une bombe anticrevaison, au cas où l’on aurait eu 2 crevaisons).
-De la patience, beaucoup de patience. La route est belle, mais parfois monotone.
C’est parti !
Première étape.
Départ de la Maison à 14h seulement. Nous avons galéré pour tout faire entrer dans la voiture. Il a fallut retirer le moins utile. L’arrière de la voiture a baissé de quelques cm.
Grosse chaleur, puisqu’il faisait 30, sans compter le facteur humidex. Heureusement, on va dans le grand nord !
On avait pensé aller jusqu’à Matagami pour la première étape, mais arrivés à Val D’Or vers 21h, nous nous sommes arrêtés. Nous avons encore assez de temps pour nous rendre à Radisson (visite après-demain à 13h)
Camping pour tester l’équipement
Weekend de camping au plein bois. On a testé le coffre de toit et les supports à vélo sur l’autoroute. Résultat satisfaisants. Le coffre est bien logeable.